Les collectivités locales ont droit, dans le cadre de la politique économique nationale, à des ressources propres suffisantes dont elles peuvent disposer librement dans l'exercice de leurs compétences.
Comme dans d’autres pays européens, les aspects financiers de l’autonomie locale sont perçus par les responsables politiques locaux comme la principale source de divergences à propos de la situation actuelle. De fait, lors de la visite l’attention et les observations ont en grande partie porté sur ces questions. Le cadre général des finances locales en Italie s’articule autour de trois composantes principales : le contexte constitutionnel, la situation politico-économique et les principales dispositions légales régissant les finances locales.
Concernant le premier point, les finances locales sont réglementées par plusieurs dispositions et principes constitutionnels, qui forment le « fédéralisme budgétaire » (federalismo fiscale). D’une part, et du point de vue du partage des compétences entre l’État et les régions, soulignons que les finances locales figurent au nombre des compétences concurrentes depuis la réforme constitutionnelle de 2001. Les régions sont dotées de compétences législatives dans ce domaine, mais l’État reste garant des principes fondamentaux. Par conséquent : (a) les régions peuvent lever des impôts locaux, « sous réserve qu’ils ne concernent pas des éléments déjà taxés par l’État ». La législation régionale peut également prévoir des taux d’imposition variables et d’autres mesures de participation conjointe des collectivités locales dans les impôts régionaux ; (b) la situation financière des collectivités locales présente des disparités à l’échelle du pays, en particulier dans les régions à statut spécial, puisque ces dernières gèrent presque entièrement leurs propres ressources et ont des compétences accrues en matière d’autorité locale.
De plus, la Constitution énonce des principes fondamentaux dans le domaine des finances locales (article 119). En premier lieu, les collectivités locales ont une autonomie financière des recettes et des dépenses, « soumise à l’obligation d’équilibrer leurs budgets ». Elles ont de surcroît « des ressources autonomes. Elles établissent et appliquent des impôts et des recettes propres. » Elles ont également droit à une part des recettes de l’État. Il est par ailleurs établi que « la loi de l’État instaure un fonds de péréquation ». Quant au principe de proportionnalité, il est garanti de manière explicite dans le même article (119), au 4e alinéa : « Les recettes provenant des sources visées aux alinéas précédents permettent aux communes, aux provinces, aux villes métropolitaines et aux régions de financer intégralement les fonctions publiques qui leur sont attribuées ». Enfin, l’État doit attribuer des ressources supplémentaires et adopter des mesures spéciales en faveur de collectivités locales spécifiques « afin de promouvoir le développement économique, la cohésion et la solidarité sociale ». Ces principes constitutionnels ont été complétés dans diverses décisions de la Cour constitutionnelle (décisions no 37/2004 et 425/2004, entre autres).
Les exigences de base de l’article 9 de la Charte semblent donc consacrées dans la Constitution nationale.
La situation économico-politique reflète dans son ensemble les politiques et les lois nationales promulguées par le gouvernement et par le Parlement pour lutter contre la crise économique, maîtriser le déficit public et respecter les plans de stabilité et les autres stratégies imposées par l’Union européenne. Ce cadre a incité à adopter diverses mesures, les plus importantes étant les plans de stabilité approuvés chaque année depuis 1999. Ces plans définissent tout un arsenal d’actions visant divers objectifs, comme des coupes budgétaires linéaires, un durcissement des obligations d’équilibre budgétaire et même des sanctions financières, qui ont mis à mal les finances des collectivités locales et restreint leur autonomie financière. La situation semble avoir atteint un stade critique dans le cas des provinces. La précédente visite de suivi effectuée par le Congrès en Italie, en 2012, avait déjà dressé le même constat. Malheureusement, cette situation est appelée à perdurer, au moins à court terme car, à en croire nos interlocuteurs, l’économie italienne tarde à se redresser. La décentralisation budgétaire n’a pas été intensifiée depuis la dernière visite de suivi, bien au contraire. Certaines régions à statut spécial peuvent présenter des différences et des nuances par rapport à l’ensemble des régions.
En conclusion, le cadre juridique principal est délimité par diverses lois et réglementations, dont l’épine dorsale est la loi de 2009 sur le fédéralisme budgétaire (loi no 42 du 5 mai 2009), tel que modifiée. Cette loi de première importance permet d’approuver des mesures réglementaires supplémentaires et énumère des principes directeurs aussi bien généraux que spécifiques. Parmi ces derniers figurent les principes de coordination des dépenses publiques, de cohérence, de discipline financière, de rationalisation et d’équilibre budgétaire. Au vu des modifications et des adaptations constantes apportées à cette loi, on ne peut pas dire que la situation soit des plus stables. Quoiqu’il en soit, la situation et les tendances actuelles peuvent être synthétisées comme suit :
Communes
Principales sources de revenus pour les communes
Impôts locaux
Autrefois, les impôts locaux incluaient habituellement la taxe foncière, la taxe d’habitation (ICI), une taxe sur l’enlèvement et l’élimination des ordures ménagères, un impôt sur le revenu (local) supplémentaire, une taxe sur la publicité et une taxe sur l’occupation des espaces publics. Cette liste a changé : certaines taxes ont été supprimées, d’autres ont été renommées et de nouveaux acronymes sont apparus, de sorte qu’il est parfois difficile de comprendre ces questions. Les principaux changements opérés sont les suivants :
L’impôt municipal unique (imposta unica comunale, IUC), institué par la loi no 147 de 2013. Les détails et le mécanisme de cet impôt peuvent varier d’une année à l’autre, de sorte qu’il est difficile de décrire une situation « stable ».
En fait, l’impôt municipal unique englobe ou regroupe trois autres taxes locales :
l’IMU (imposta municipale propria), qui est une taxe foncière. Celle-ci vise les propriétaires de biens immobiliers enregistrés au cadastre (bâtiments, fermes, terrains urbains et agricoles) et d’autres droits immobiliers. Les résidences principales personnelles, sauf très luxueuses, ne sont pas assujetties à cet impôt, qui s’applique uniquement aux résidences secondaires. La base imposable est calculée en fonction de la valeur foncière déterminée par le cadastre. Le taux d’imposition normal est de 0,76 % de la base imposable, mais les communes peuvent faire varier ce taux à la hausse ou à la baisse dans les limites de 0,3 %. Des exonérations spécifiques, modifiées chaque année, sont applicables.
la TASI, ou taxe sur les services indivisibles. Il s’agit d’une taxe foncière supplémentaire, qui concerne notamment les résidences principales considérées comme des biens immobiliers de luxe. Celle-ci est censée couvrir les dépenses d’éclairage, de nettoyage des rues, d’entretien des espaces verts et d’autres services fournis de manière équitable par les communes à tous ses habitants ;
la TARI (tassa sui rifiuti), ou taxe sur les ordures ménagères, était autrefois appelée « TARES » ou d’autres manières, comme « TARSU ». Son montant est calculé par la commune dans la fourchette fixée par la réglementation nationale. Il doit, dans tous les cas, couvrir intégralement les coûts des services d’enlèvement et de traitement des déchets.
l’ADDIRPEF, une surtaxe municipale qui s’ajoute à l’impôt sur le revenu des personnes physiques. Les communes peuvent décider d’instituer une telle majoration (addizionale), qui est plafonnée à 0,8 % (0,9 % pour Rome Capitale).
l’ICPDPA, une taxe municipale sur la publicité et l’affichage extérieur.
D’autres impôts, telles que la taxe de séjour (imposta di soggiorno) et la contribution (contributo) sur le débarquement. La première peut être perçue par certaines communes telles que les chefs-lieux de province (capoluogo), les unions de communes et d’autres lieux touristiques. La seconde concerne les communes de certaines petites îles et remplace alors la taxe sur le tourisme.
Redevances et taxes
Les communes italiennes peuvent collecter diverses redevances et taxes. Par exemple :
La CIMP, une taxe sur l’installation de publicité qui peut remplacer l’ICPDPA (taxe sur la publicité), si la commune estime qu’il y a lieu de le faire ;
La TOSAP, une redevance sur l’occupation d’espaces publics (rues, boulevards et parcs) à des fins commerciales (bars, magasins, etc.).
La COSAP, une autre redevance sur l’occupation et l’utilisation des zones et espaces publics, qui peut se substituer à la TOSAP.
L’ISCOP, une taxe qui peut être perçue pour couvrir les dépenses engagées par la commune pour la réalisation de certains ouvrages publics.
Recettes non fiscales
Les communes italiennes peuvent percevoir des recettes non fiscales, telles que : les bénéfices d’activités économiques ou commerciales et les recettes tirées de la propriété de biens (vente de patrimoine mobilier ou immobilier) ; les intérêts dégagés de placements ou d’autres produits financiers ; les amendes perçues pour les infractions au code de la route, aux règles de stationnement et autres infractions administratives ; les opérations financières : les communes peuvent contracter des emprunts auprès d’organismes privés et émettre des obligations. Cela étant, ces ressources sont soumises à de nombreuses restrictions dans le cadre de la lutte contre la dérive du déficit public. Conformément à l’article 119 de la Constitution, les collectivités locales peuvent recourir à l’endettement pour financer leurs dépenses d’investissement uniquement, et non pour couvrir leurs frais de fonctionnement.
Dotations et mécanismes de péréquation
Les communes italiennes peuvent recevoir différentes dotations :
Les dotations de péréquation : l’absence de véritables mécanismes de péréquation est un aspect récurrent du système italien des finances locales. À la suite de la visite de suivi du Congrès de 2012-13, les rapporteurs signalaient déjà : « il n’existe encore aucun dispositif général en la matière, de sorte que les dispositions nécessaires pour l’instauration d’un fédéralisme budgétaire sont encore très incomplètes ». La visite présente, conduite en 2017, a en revanche révélé de nets progrès, même si les interlocuteurs rencontrés estiment la situation insatisfaisante en l’état. L’instrument de péréquation le plus important à l’heure actuelle est le fonds de solidarité communale (fondo di solidarietà comunale, FSC). Institué par la loi no 228/2012, ce fonds de péréquation remplace l’ancien « Fondo Sperimentale di Riequilibrio ». Le FSC et les dotations respectives reçues par les communes dans les régions à statut ordinaire (ainsi que la Sicile et la Sardaigne) sont gérés par la Direction centrale des finances locales, un service du ministère de l’Intérieur. Un jeu complexe de variables entre dans le calcul des montants attribuables aux communes. En 2016, l’enveloppe du fonds de solidarité s’élevait à 6 442 millions d’euros.
Dotations et subventions ponctuelles prises sur le budget de l’État : les communes peuvent recevoir des dotations pour la réalisation de projets ou d’ouvrages publics conjoints.
Fonds de l’UE : les communes peuvent activer divers fonds de l’UE destinés au développement urbain, au développement rural et à d’autres aspects de la vie municipale. L’Italie a également reçu des fonds extraordinaires pour faire face à des situations d’urgence, comme les séismes qui ont frappé la région de L’Aquila.
Les différents interlocuteurs rencontrés pendant la visite affichent des points de vue divergents concernant l’état actuel général des finances municipales. Les responsables locaux considèrent la situation insatisfaisante dans son ensemble, du moins en ce qui concerne la flexibilité et le montant des ressources financières allouées. Leurs principales critiques peuvent se résumer ainsi :
alors que la plus grande part du déficit public est imputable au gouvernement central (48,4 milliards d’euros en 2015, contre un excédent de 1,5 milliard d’euros pour les communes), les finances locales ont subi des réductions sévères et disproportionnées. Les coupes budgétaires (tagli lineari) imposées aux communes se sont élevées au total à plus de 9 milliards d’euros entre 2011 et 2015.
depuis 2012, les transferts financiers de l’État aux communes n’ont cessé de baisser : de 10 milliards d’euros en 2012 à 1,4 milliard d’euros en 2015.
Depuis 2015, le fonds de solidarité communale (FSC) est financé par le seul IMU (impôt local).
En 2015, la contribution nette de l’État aux budgets municipaux était même négative : ce sont les communes qui ont contribué au budget de l’État, à hauteur de 628 millions d’euros nets.
En résumé, les responsables locaux jugent le système de prélèvement local insatisfaisant et les ressources totales disponibles trop peu élevées. Certains d’entre eux se sont également plaints des modalités de calcul des dotations et considèrent que la péréquation est insuffisante. Ils affirment par ailleurs que les coupes budgétaires (tagli lineari) ont été décidées de manière unilatérale par le gouvernement et imposées de manière relativement autoritaire. Il convient de mentionner à cet égard plusieurs rapports et avis publiés par la Cour des comptes (Corte dei Conti) ces dernières années. Dans ces rapports (plus particulièrement dans l’un d’eux, publié peu de temps avant la visite de la délégation), la Cour a constaté que les dotations allouées aux communes ne leur permettaient pas d’assurer leurs services et responsabilités statutaires de manière adéquate.
Le pouvoir central ne partage pas ce point de vue. Le ministère compétent soutient que, dans son état actuel, le système est équitable pour l’ensemble du pays compte tenu de la crise qu’il traverse. Les responsables gouvernementaux affirment que les dotations actuelles ont été calculées conformément au « coût standard » (fabbisogni standard) des fonctions fondamentales des communes. Le système actuel garantit au minimum l’exécution adéquate de ces fonctions. D’après le ministère, il permettrait en outre de respecter le principe de proportionnalité des finances locales (tel qu’énoncé par la Constitution). De plus, afin de compenser les effets budgétaires négatifs, pour les communes, de la suppression de la TASI applicable aux résidences principales, le pouvoir central aurait augmenté le FSC de 3,5 milliards d’euros destinés à des transferts de compensation.
Quelle que soit la position officielle du gouvernement, il ressort clairement des tableaux et données fournis par les associations et dirigeants municipaux que les ressources propres des communes ont diminué ces dernières années, de même que les dotations de l’État.
Provinces
Les ressources propres des provinces proviennent principalement des impôts et taxes suivants :
IPT (imposta provinciale di trascrizione) : taxe perçue lors de l’enregistrement d’un véhicule (voiture et autres) dans le système d’immatriculation des véhicules ou lorsque les informations dudit système sont modifiées. Le taux d’imposition dépend de la puissance fiscale du véhicule. Les provinces sont libres d’appliquer une majoration (jusqu’à 30 %) ;
RC-Auto : taxe prélevée sur les assurances de responsabilité civile couvrant les accidents de la circulation. Là encore, les provinces sont libres d’appliquer ou non une majoration ou une diminution ;
TEFA : taxe environnementale destinée à financer les services provinciaux de protection et de restauration de l’environnement. Il s’agit d’une taxe provinciale dérivée, complémentaire de la taxe locale TARI (sur les déchets) ;
TOSAP : cette tassa fonctionne comme son homologue dans le cas des communes.
Du point de vue de la Charte, la délégation tire un bilan plutôt négatif de la situation financière des provinces.
Tout d’abord, les lois de finances adoptées entre 2013 et 2016, la réforme institutionnelle prévue par la loi no 56 du 7 avril 2014 et la réduction des recettes fiscales ont eu pour effet d’abaisser à 4,25 milliards d’euros le montant des ressources disponibles pour les provinces, avec des conséquences extrêmement dommageables sur leur capacité à exécuter leurs fonctions. Ensuite, la loi de stabilité de 2015 a disposé que les provinces et les villes métropolitaines contribueraient à contenir les dépenses publiques par une réduction des frais de fonctionnement (coupe linéaire ou tagli lineari) d’un milliard d’euros (900 millions d’euros pour les provinces des régions à statut ordinaire et 100 millions d’euros pour les provinces de Sicile et de Sardaigne). Le montant de cette réduction devait être de l’ordre de 2 milliards en 2016 et de 3 milliards en 2017.
Les représentants du gouvernement se sont déclarés conscients de la situation, d’où les mesures prises en 2016 (loi no 208 du 28 décembre 2015, loi de stabilité 2016) en faveur des villes métropolitaines et des provinces. En particulier, 495 millions d’euros de dotations supplémentaires ont été accordés aux provinces pour le réseau routier et les établissements scolaires, 100 millions d’euros pour les travaux d’entretien exceptionnels de la voirie, 20,4 millions pour les dépenses en personnel et 39,6 pour le maintien de l’équilibre budgétaire. Le montant total de ces dotations supplémentaires devrait s’élever à 470 millions d’euros pour la période 2017-2020.
Dans tous les cas, les représentants des provinces (de celles situées dans les régions à statut ordinaire, à tout le moins) estiment que leurs ressources financières sont très en-deçà de leurs besoins. Ils affirment que leurs recettes propres ne parviennent pas, loin s’en faut, à couvrir les dépenses engagées dans le cadre des fonctions fondamentales des provinces. De surcroît, conformément à la stratégie de « réforme des dépenses » prévue par la loi no 190/2014, les provinces doivent transférer à l’État une part conséquente des produits de leurs efforts budgétaires. Une telle obligation est parfaitement contraire à l’article 119 de la Constitution. D’après les dirigeants provinciaux, en 2017, les provinces des régions à statut ordinaire devront « rembourser » ou reverser à l’État plus de 1,6 milliard d’euros, une somme qui avoisine le montant total des impôts prélevés par les provinces : d’après l’UPI, les recettes fiscales totales des provinces s’élevaient en 2014 à 2 095 millions d’euros (660 millions en taxes sur les transcriptions, 1 250 millions en taxes sur les assurances, et 185 millions en taxes pour la protection de l’environnement). Par conséquent, le solde net des recettes fiscales restant à disposition des provinces ne sera que de 446 millions d’euros (2 095 millions d’euros moins 1 600 millions d’euros reversés à l’État). Pourtant, l’exécution des trois fonctions fondamentales dans les 76 provinces situées dans des régions à statut ordinaire (voirie, établissements scolaires et protection environnementale) nécessiterait une enveloppe d’au moins 1 305 millions d’euros. Le déséquilibre est donc évident.
Enfin, les dirigeants provinciaux ont rappelé qu’ils géraient aujourd’hui plus de 130 000 kilomètres de routes provinciales et 5 100 établissements scolaires accueillant plus de 2,5 millions d’élèves. Ils affirment que leurs ressources ne leur permettent pas de gérer et d’entretenir ces installations et infrastructures de manière appropriée. Il s’agit autant d’un problème de moyens, insuffisants pour délivrer des prestations de qualité, que d’une source d’inquiétude personnelle pour les dirigeants des provinces. Si un accident survient sur une route ou dans une école de province, la loi reconnaît logiquement la responsabilité civile et administrative de la province, mais, dans les cas extrêmes, elle peut également tenir les dirigeants de la province responsables sur le plan pénal, s’il est prouvé que l’accident découle d’un défaut de maintenance ou d’entretien de l’infrastructure. Les dirigeants des provinces s’estiment donc pris en tenaille entre le risque de poursuites pénales et l’impossibilité financière d’écarter ce risque.
L’UPI a souligné que, du fait de ces différentes mesures financières, les budgets des provinces affichaient un déficit qui s’élèverait à 650 millions d’euros, d’après la société publique SOSE. Certaines provinces illustrent bien la situation générale. À cet égard, la délégation a été informée des graves difficultés financières rencontrées par la province de Belluno, dans la région de Vénétie. Les dirigeants de cette province ont en effet porté à la connaissance de la délégation l’existence d’un grave déséquilibre dans le budget provincial pour 2017. Le montant total nécessaire à l’exercice des « fonctions fondamentales » a été estimé à 29 200 millions d’euros, et les recettes fiscales à 23 800 millions d’euros. Cela étant, la province est tenue de reverser (riversamento) à l’État une somme de 22 915 millions d’euros. Le déficit s’élève donc à 28 315 millions d’euros. Cet exemple montre bien, données à l’appui, à quel point la situation peut être critique.
La Cour des comptes s’est également exprimée à ce sujet. Dans un rapport important publié peu de temps avant l’arrivée de la délégation, la Corte dei Conti a affirmé ce qui suit : les provinces ne disposent pas des ressources financières suffisantes pour accomplir leurs fonctions ; les provinces ne devraient plus subir les effets de la « suppression programmée » de ces organes ; les provinces devraient disposer des ressources humaines, financières et opérationnelles nécessaires à l’exercice de leurs fonctions fondamentales et à la prestation de services essentiels au bénéfice des citoyens et du territoire.
Autres aspects
Dans le domaine budgétaire, toutes les communes sont libres d’élaborer et d’approuver leurs propres budgets, mais, ces dernières années, les attentes de l’État (et plus particulièrement de la Cour des comptes) en matière de discipline budgétaire se sont nettement renforcées. Faire preuve de « discipline budgétaire » est même devenu la règle d’or.
Bien que la loi fixe certaines limites spécifiques et claires concernant la dette publique et le déficit des collectivités locales, l’endettement de ces dernières reste un sujet sensible. Les règles précises régissant les cas extrêmes d’insolvabilité sont édictées aux articles 244 et suivants du Testo Unico. D’après certaines informations communiquées par le ministère de l’Intérieur, 102 collectivités locales se sont retrouvées en défaut de paiement ces dernières années, dont certaines communes de grande taille (Alexandrie ou Potenza par exemple). Ce phénomène concerne plus particulièrement la Sicile, la Campanie et la Calabre. Certaines provinces connaissent également une instabilité financière (Biella, Caserte).
Enfin, et en ce qui concerne le patrimoine des communes, les collectivités locales possèdent leurs propres propriétés, biens et actifs. La Constitution le prévoit explicitement à l’article 119, dernier alinéa. La situation semble plutôt satisfaisante dans ce domaine. Les collectivités locales ont le droit de posséder leurs propres terrains et biens immobiliers et de gérer leurs actifs comme bon leur semble, et ce droit leur est parfaitement reconnu. Cela étant, un détail mérite d’être mentionné dans le cas des provinces : à la suite de l’adoption de la loi Delrio, les provinces ont été partiellement démantelées de diverses manières ; leurs compétences « non fondamentales » ont été transférées aux régions, ainsi qu’une partie de leurs effectifs et actifs, conformément à certains critères négociés par la Conférence unifiée.
Au vu des éléments ci-dessus, les rapporteurs estiment que l’article 9 de la Charte n’est pas respecté en Italie, notamment dans le cas des provinces.