Le statut des élus locaux doit assurer le libre exercice de leur mandat.
Sur ce point, la Charte semble respectée même si certaines restrictions sont intervenues à partir de 2013 pour limiter la période d’exercice de la fonction de maire à un maximum de trois mandats. Cette réforme est d’ailleurs conforme à l’article 118 de la Constitution qui dispose que la loi peut fixer les limites sur des renouvellements successifs de mandats des titulaires de postes politiques exécutifs. Les réserves exprimées en 2012 (dans le précédent rapport) par les représentants de l’ANMP à l’égard de cette réforme n’ont pas été réaffirmées, laissant penser que celle-ci est désormais acceptée. Certes, une limite d’âge aurait pu être préférée par le législateur mais le choix de celui-ci, conforme à la Constitution, s’est donc imposé.
Les rapporteurs ont notamment interrogé le secrétaire d’Etat aux pouvoirs locaux lors de leur visite en juin 2019. Celui-ci a insisté sur les mesures gouvernementales prises en matière de responsabilité qui conduisent à mettre sur un pied d’égalité la responsabilité civile des élus locaux et celles de leur administration lorsque celle-ci a accompagné et soutenu l’élu dans sa prise de décision. La responsabilité pénale demeure en revanche une contrepartie logique à l’exercice de nouvelles responsabilités, comme les observateurs ont pu le voir lors des incendies majeurs de 2017 et l’inculpation d’élus locaux pour homicide involontaire.
Sur la question plus précise de la rémunération et de l’indemnisation des mandats locaux, les rapporteurs n’ont pas entendu de revendication particulière. Lors de leur rencontre avec une députée socialiste membre de la Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire, de la décentralisation, du gouvernement local et de l'habitation et ancienne maire d’une grande commune, celle-ci s’est montrée peu favorable à une revalorisation des indemnités des élus locaux dans la mesure où les niveaux de rémunération sont déjà corrects et que ce sujet est très délicat pour l’opinion publique. Il est surtout apparu aux yeux des rapporteurs que le principal défi était la participation des femmes dans les municipalités (moins de 10 % d’entre elles sont présidées par des femmes) et les paroisses. Pourtant la Constitution entend garantir l’égalité homme-femme et la loi impose désormais un minimum de 40 % de femmes lors des élections.
Enfin, le problème de la corruption a été plusieurs fois soulevé à l’occasion des entretiens effectués par les rapporteurs lors de leurs visites de juin et novembre 2019. Cette question semble présente mais il demeure difficile de quantifier avec précision ce phénomène – dont la partie visible est constituée uniquement de condamnations pénales d’élus – et de distinguer la part locale et la part nationale. Diverses solutions ont été évoquées ou expérimentées, telle qu’une revalorisation des indemnités, sans grand succès à ce jour. Pourtant, le Congrès a déjà eu l’occasion de souligner dans quelle mesure le phénomène de corruption pouvait dépendre directement du faible niveau de rémunération des élus locaux, adoptant même une recommandation en ce sens lors de sa 36ème session6. Celle-ci précise notamment, dans ses 6ème et 7ème articles, que « la corruption sous toutes ses formes est une menace destructrice pour l’efficacité et la qualité de la bonne gouvernance aux niveaux local et régional. Pour cette raison, l’indemnisation financière des élus locaux et régionaux doit non seulement être suffisante et adéquate, mais elle doit aussi être transparente pour la population. Aux niveaux local et régional, cette transparence contribuera à instaurer la confiance vis-à-vis des autorités territoriales. Les modalités, les montants et les sources de l’indemnisation financière des élus locaux et régionaux doivent être communiqués de manière claire et accessible. Les systèmes où les élus locaux et régionaux sont bénévoles et non rémunérés peuvent aboutir à ce que certaines catégories socioéconomiques de la population aient un ascendant sur les élus. Il n’y a que dans les conseils les plus petits, où les responsabilités sont peu importantes, qu’il peut être considéré acceptable que les élus soient bénévoles et non rémunérés ». La réalité du phénomène au Portugal ne doit donc pas être niée mais sans doute doit-elle être relativisée.
Le paragraphe 3 de l’article 7 relatif au régime des incompatibilités ne pose en lui-même aucune difficulté, le Portugal le respectant à la lettre : c’est en effet un dispositif légal et réglementaire qui instaure ce régime et garantit ainsi un bon exercice des mandats locaux.
En dépit des réserves susmentionnées notamment par rapport au paragraphe 2, les rapporteurs considèrent que les 3 paragraphes de l’article 7 de la Charte sont généralement respectés.
6 Recommandation 434 (2019) relative à l’indemnisation financière des élus locaux et régionaux dans l’exercice de leurs fonctions.