Les collectivités locales ont le droit, dans l'exercice de leurs compétences, de coopérer et, dans le cadre de la loi, de s'associer avec d'autres collectivités locales pour la réalisation de tâches d'intérêt commun.
Le principe d’autonomie comprend le pouvoir des collectivités locales de décider elles-mêmes si une certaine tâche peut être exécutée de manière autonome ou en collaboration avec d’autres organes administratifs (on parle alors de droit à la coopération, BVerfGE 138, 1, 17 et suivante). Ce droit à la coopération intercommunale est développé par les länder dans leurs propres lois. La coopération intercommunale peut se concrétiser par voie institutionnelle, par le biais notamment d’une association administrative à but spécifique (par exemple sous la forme juridique d’un syndicat de coopération – Zweckverband) ou par voie contractuelle.
L’Allemagne a une longue tradition de coopération locale et régionale. Parmi les exemples de coopération intercommunale, on peut citer la politique de développement des zones d’habitation et des zones commerciales, la reconversion des terrains, la formulation de concepts de développement, les services économiques généraux (notamment les transports publics locaux, l’évacuation des eaux usées et des déchets, la santé) et la recherche de sites pour la construction de grands centres commerciaux. Depuis des années, la coopération intercommunale est également l’expression d’une nouvelle conception du processus de planification. Les acteurs de la politique, de l’administration, de l’économie et de la science mettent en réseau leurs compétences et en tirent mutuellement profit. Cette nouvelle forme de coopération présuppose une grande ouverture à de nouvelles approches, une confiance mutuelle, une volonté de compromis et une vision d’ensemble. Elle s’étend des obligations et incitations légales jusqu’à la coopération volontaire afin de créer des synergies.
La coopération intercommunale et régionale survient à différents niveaux, parfois même au-delà des frontières régionales (coopération interrégionale). Outre la coopération entre les villes et les territoires voisins (par exemple, le Forum de voisinage de Berlin-Brandebourg ou le Forum de voisinage de Basse-Saxe/Hambourg), ce type de coopération se retrouve dans les 12 régions métropolitaines d’Allemagne, qui offrent un cadre régional approprié pour des projets de coopération sur différents territoires. Des initiatives visant à développer les régions urbaines existent également au-delà de ces régions métropolitaines, sous la forme de processus d’auto-organisation fondés sur les initiatives des acteurs régionaux. Il s’agit notamment de concepts de pôles régionaux (par exemple, la Régiopole de Rostock et d’autres membres du réseau Régiopole allemand).
La nouvelle Charte de Leipzig, qui a été adoptée fin 2020 pendant la présidence allemande du Conseil de l’UE par les ministres chargés du développement urbain afin de fournir un cadre pour un développement urbain intégré et durable en Europe, salue explicitement la coopération intercommunale et invite les collectivités locales à coordonner leurs stratégies et mesures politiques avec les régions urbaines et environnantes, notamment en matière de logement, de locaux commerciaux, de mobilité et d’offre énergétique. La coopération intercommunale peut contribuer de façon notable à renforcer le pouvoir de transformation des villes et des communes afin qu’elles deviennent des espaces durables, résilients et vivables.
Le Programme territorial 2030, qui a été adopté en décembre 2020 pendant la présidence allemande du Conseil de l’UE par les ministres chargés de l’aménagement du territoire, du développement régional et/ou de la cohésion territoriale afin de fournir un cadre d’action pour promouvoir la cohésion territoriale en Europe, souligne de diverses façons la nécessité d’une coopération intercommunale pour relever les défis de société mondiaux et améliorer les conditions de travail, de vie et d’activité économique. Un accent particulier est mis sur les domaines prioritaires que sont les « zones fonctionnelles » et « l’intégration transfrontalière ».
Dans le land de Saxe, l’exécution de tâches dans le cadre de la coopération intercommunale est une option majeure de l’action municipale, qui préserve l’autonomie et l’identité des communes. Les associations à but spécifique (Zweckverbände) et les conventions à but spécifique (Zweckvereinbarungen) sont les formes juridiques de coopération communale les répandues. Les principaux domaines de coopération des communes de Saxe sont l’approvisionnement en eau et l’évacuation des eaux usées, l’état civil et l’enregistrement, la promotion du tourisme, les corps de sapeurs-pompiers et les services de secours, l’informatique et le traitement électronique des données, l’aménagement et le développement du territoire, l’ordre public et les transports publics locaux, la promotion économique et régionale.
C’est dans le domaine des eaux usées/de l’eau que les cas de coopération sont de loin les plus nombreux. Cette coopération s’est avéré particulièrement efficace, car de nombreuses communes sont trop petites pour la taille d’exploitation optimale et la prestation de services est une activité à forte intensité de capital. La coopération permet de réduire les coûts pour les communes. L’organisation sous forme d’association à but spécifique l’emporte de loin sur les autres options, car l’ensemble de la tâche est confiée à l’association à but spécifique en tant que nouveau responsable de la mission.
Dans les domaines de l’état civil et des services d’incendie/de secours, l’objectif est non seulement de réduire les coûts fixes, mais aussi d’utiliser efficacement les ressources humaines. Les grandes communes reprennent souvent les tâches des plus petites, de sorte que la conclusion de conventions à but spécifique domine pour ce type de tâches.
Les tâches d’aménagement et de développement du territoire ainsi que de promotion économique et régionale font typiquement partie des domaines de coopération communale ; on constate ici une plus grande proportion de coopération sous forme de groupes de travail, où l’accent est mis sur l’échange régulier et la coordination en amont des décisions.
En Bavière, le cadre juridique de la coopération intercommunale est réglementé par la loi sur la coopération communale – KommZG . Celle-ci prévoit les différentes formes juridiques possibles de la coopération communale : les communautés de travail, les conventions à but spécifique, les associations à but spécifique ainsi que les entreprises communales communes (Article 2, paragraphes 1 et 4, KommZG). Il existe en outre une possibilité de coopération informelle.
L’expansion démographique, le manque des ressources financières, les avancées technologiques, la concurrence croissante entre les régions dans le contexte européen et mondial, ainsi que les attentes accrues des citoyens et des entreprises concernant le type et la qualité des services municipaux posent des défis toujours plus grands aux municipalités. Dans certaines régions, le déclin de la population réduit la dynamique économique, ce qui peut diminuer les recettes des budgets municipaux. Les infrastructures existantes ne sont plus exploitées au maximum de leur capacité. Le vieillissement croissant de la population modifie la demande d’infrastructures et de services publics municipaux.
La coopération intercommunale est une stratégie d’avenir à fort potentiel. De nombreuses tâches communales peuvent être assurées plus efficacement par une dynamique collective. Afin de garantir leur capacité de mise en œuvre et d’action, de nombreuses communes exécutent leurs tâches ensemble, profitant ainsi d’effets de synergie sans perdre leur indépendance. Depuis décembre 2012, l’État libre de Bavière encourage de nouveaux projets exemplaires de coopération intercommunale. L’objectif est de renforcer l’auto-administration communale et de préserver la capacité d’action des municipalités grâce à la coopération intercommunale.
Il importe de mentionner qu’une grande partie de la coopération intercommunale passe par des entreprises municipales, notamment dans le domaine des services d’intérêt général (eau, eaux usées, déchets, énergie ou télécommunications). Il en va de même pour le développement de zones commerciales communes ou de projets de transport.
Dans plusieurs cas, la coopération intercommunale couvre (souvent sur une base contractuelle) le périmètre plus large d’un centre urbain et des communes environnantes. Ces dernières profitent des capacités de la ville voisine, tandis que, dans la plupart des cas, cette coopération permet de réaliser des économies d’échelle considérables. La ville de Fribourg, par exemple, a conclu un contrat avec la municipalité de Merzhausen pour la mise à disposition d’un corps de sapeurs-pompiers. Merzhausen est ainsi l’une des quatre communes du Bade-Wurtemberg qui ne dispose pas de son propre corps de sapeurs-pompiers. Avec la majorité des communes environnantes, Fribourg a également conclu des accords de coopération sur l’assistance dite supra-locale (überörtliche Hilfe) pour les véhicules spéciaux ou les agents spéciaux d’extinction. La coopération s’est également développée autour des transports publics, de l’eau, de l’énergie et du traitement des eaux usées.
Néanmoins, selon les associations nationales de collectivités locales, alors que la coopération communale devrait être facilitée et encouragée en Allemagne, elle est au contraire entravée sur le plan administratif et juridique (notamment par la taxation de la valeur ajoutée, article 2(b) de la UStG, directive de l’UE relative au système de TVA). Cela se traduit par l’imposition des communes pour l’exécution commune de tâches statutaires, avec le report de la charge correspondante sur le budget des citoyens, l’économie et les communes elles-mêmes.
Sur ce point, les représentants du gouvernement fédéral ont souligné que les nouvelles règles applicables à la taxe sur la valeur ajoutée pour les personnes morales régies par le droit public allemand, énoncées dans l’article 2b de la loi sur la TVA, constituent un amendement inévitable du droit national en vertu du droit de l’Union (article 13 de la directive 2006/112/CE du Conseil relative au système commun de taxe sur la valeur ajoutée). En vertu de cet amendement, les règlementations fiscales applicables à la coopération entre les personnes morales de droit public à tous les niveaux de gouvernance (fédéral, länder et local) sont les mêmes que celles qui s’appliquent à la coopération entre les entreprises privées, si le fait de traiter les personnes morales de droit public comme étant non imposables entraînerait d’importantes distorsions de la concurrence. Eu égard aux difficultés émergentes, la législation allemande prévoit une longue période de transition (sept ans à compter du 1er janvier 2023) avant que l’article 2b de la loi sur la TVA ne devienne exécutoire. Tous les acteurs concernés pourront ainsi se préparer pour l’entrée en vigueur des nouvelles règles et le cas échéant réviser leurs processus et structures.
Malgré les doléances susmentionnées, l’impression des rapporteurs est, d’après ce qui précède, que la coopération intercommunale est très développée en Allemagne et que la situation du pays est conforme à ce paragraphe de la Charte.