Les ressources financières des collectivités locales doivent être proportionnées aux compétences prévues par la Constitution ou la loi.
Un autre principe fondamental, énoncé à l’article 9, paragraphe 2, requiert que les collectivités locales disposent de ressources financières suffisantes proportionnées aux compétences qui leur sont confiées par la loi. Ce paragraphe énonce le principe de « proportionnalité » des ressources financières des collectivités locales, selon lequel les ressources dont disposent les collectivités locales doivent être suffisantes et proportionnées à leurs tâches et fonctions. À cette fin, tout transfert de compétences ou de tâches doit s’appuyer sur un calcul minutieux des coûts réels de la prestation des services qui devront être assumés par les collectivités locales. Les coûts des tâches obligatoires et déléguées peuvent inclure divers facteurs (comme la structure socioéconomique de la population), afin de réaliser des estimations plus précises et d’éviter les décisions politiques arbitraires.
Ce paragraphe est respecté en ce qui concerne les communes, tandis qu’il ne l’est pas pour les provinces de protection sociale, auxquelles ce paragraphe s’applique pleinement puisqu’aucune déclaration n’a été faite par le gouvernement finlandais pour exclure les PPS de son application.
Le principe selon lequel les ressources financières doivent être suffisantes est inclus dans celui de l’autonomie municipale, laquelle est protégée par la Constitution finlandaise. En vertu de ce principe, les obligations statutaires définies pour les communes ne doivent pas porter atteinte aux conditions de fonctionnement des communes d’une manière qui compromettrait leur capacité à décider de manière indépendante de leurs finances et, par conséquent, de leur action. Par conséquent, les dispositions juridiques relatives aux obligations des communes doivent également garantir que celles-ci disposent d’une capacité financière adéquate et proportionnée pour faire face à ces obligations.
Le principe selon lequel les ressources financières doivent être suffisantes est énoncé dans l’article 12 de la LCL, qui dispose qu’un programme de financement des collectivités locales doit être élaboré dans le cadre du processus de négociation entre l’administration centrale et les collectivités locales. L’élaboration du programme s’inscrit dans le cadre des travaux préparatoires du Plan budgétaire de l’administration générale et du projet de budget de l’administration centrale. L’article 12, paragraphe 3, prévoit que le programme de finances des collectivités locales comprend une évaluation de l’adéquation des moyens financiers aux missions des communes (principe de l’adéquation des moyens financiers). Le programme contient une évaluation de l’évolution du contexte opérationnel des communes et de la demande de services, ainsi que des fonctions des administrations locales, et fournit une estimation de l’évolution des finances des administrations locales. Les finances des collectivités locales sont évaluées dans leur ensemble, dans le cadre des finances publiques générales et en fonction des différents groupes de communes. L’évaluation fait la distinction entre les fonctions statutaires et les autres fonctions des communes et évalue le rapport coût-efficacité des activités des communes.
Il a été indiqué à la délégation qu’il existe un déséquilibre structurel entre les recettes et les dépenses dans les finances des communes. Les prévisions du ministère des Finances en matière de finances publiques (finances selon les comptes nationaux) pour le printemps 2024 font état d’un déficit de 0,5 à 0,7 % par rapport au PIB dans le secteur des communes. Suite à la réforme des services sociaux et de santé (qui a entraîné une réduction de l’éventail des tâches des communes), celles-ci ont moins de possibilités d’ajuster les dépenses, de sorte que le déséquilibre peut entraîner des augmentations d’impôts et imposer une discipline budgétaire stricte des finances municipales au cours des années à venir. La divergence entre les communes s’accroît par ailleurs. Toutes les tâches et obligations nouvelles ou étendues doivent être compensées à 100 % par un transfert du pouvoir central. En outre, selon le programme gouvernemental, le gouvernement central s’engage à indemniser les communes pour toutes les nouvelles fonctions et obligations qui leur sont imposées.
Selon ce même programme, le système de financement des communes et les transferts de l’administration centrale aux communes seront révisés pour tenir compte du nouveau rôle des communes et de la situation consécutive à l’achèvement de la réforme des services sociaux et de santé et de la réforme des services publics de l’emploi et de développement économique. L’objectif est que la nouvelle législation puisse entrer en vigueur le 1er janvier 2026.
En ce qui concerne les provinces de protection sociale, la première année d’activité des PPS a été difficile et elles ont été largement déficitaires. Selon le gouvernement finlandais, ce déficit s’explique en partie par le fait que les coûts nets des services de santé, sociaux et de secours transférés des communes aux PPS se sont avérés, dans les états financiers définitifs des communes, supérieurs à ce qui avait été estimé lors du transfert initial. La correction finale du financement a été effectuée en 2024. En outre, les dépenses des provinces de protection sociale ont augmenté très rapidement en 2023. En 2024, les PPS resteront largement déficitaires. La situation financière sera améliorée par les mesures d’ajustement qu’elles prendront et, en outre, la hausse des prix ralentira. En 2025, le déficit diminuera à mesure que la révision a posteriori augmentera le financement fourni par l’administration centrale. Les prévisions du ministère des Finances en matière de finances publiques (finances selon les comptes nationaux) pour le printemps 2024 font état d’un déficit de 0,6 % par rapport au PIB dans les provinces de protection sociale en 2023-2024. En 2025-2027, le déficit est de l’ordre de 0,1 à 0,2 %.
Selon les informations communiquées à la délégation, le besoin de mesures d’ajustement est considérable dans les PPS, sachant que les plans financiers des provinces doivent être préparés conformément à la loi sur les provinces de protection sociale (611/2021) de telle sorte que les finances soient en équilibre ou en excédent au plus tard à la fin de l’année suivant le deuxième budget. Au cours des prochaines années, de nombreux changements seront apportés aux tâches et obligations des provinces de protection sociale. Les mesures d’ajustement qui seront décidées par le gouvernement réduiront le financement de l’administration centrale pour les PPS en fonction de la réduction des dépenses, mais, d’autre part, les changements pourraient alléger les pressions sur les dépenses des PPS à mesure que les besoins en personnel diminueront.
Lors de la procédure de consultation, le ministère des Finances a souligné que les déficits au niveau des municipalités et des provinces sont gérés par des mesures législatives. Le ministère des Finances est chargé d'assurer un équilibre économique suffisant pour fournir des services vitaux à tous les résidents du pays. Cet objectif sera atteint en étroite collaboration avec les municipalités et les provinces, sur la base de la loi sur les collectivités locales et de la loi sur les services de provinces de protection sociale, en particulier leurs sections qui traitent des défis économiques spécifiques.
A la lumière de ce qui précède, les rapporteur·es considèrent que l’article 9, paragraphe 2, de la Charte est partiellement respecté en Finlande.