Les collectivités locales ont droit, dans le cadre de la politique économique nationale, à des ressources propres suffisantes dont elles peuvent disposer librement dans l’exercice de leurs compétences.
Article 9.1
- Ce paragraphe établit deux principes de base dans le domaine des finances : premièrement, les collectivités locales doivent disposer de leurs propres ressources financières ; deuxièmement, elles doivent pouvoir décider librement de la manière dont elles dépensent ces ressources.
- Pour ce qui concerne la première de ces deux dimensions, les collectivités locales doivent avoir « droit » à leurs propres ressources. Il ne s’agit pas uniquement d’une attente légitime, mais d’un véritable « droit », lequel n’est cependant pas absolu mais doit s’exercer « dans le cadre de la politique économique nationale ». L’expression « ressources propres suffisantes » implique l’obligation de garantir la proportionnalité entre les fonctions obligatoires des collectivités locales et les ressources financières dont elles disposent.
- La seconde dimension est la liberté des collectivités locales de disposer (au minimum) de leurs « ressources propres » dans le cadre de leurs compétences. Toute limite ou restriction imposée aux collectivités locales par des autorités supérieures devraient être spécifiée et justifiée, et viser à garantir la stabilité macroéconomique et une bonne gestion financière50.
- Concernant la base financière de l’autonomie locale, la Constitution de la Bulgarie dispose ce qui suit :
- Art. 140. Toute commune est habilitée à posséder des biens propres, qu’elle utilise dans l’intérêt de la collectivité territoriale.
- Art. 141. (1) Toute commune dispose de son propre budget.
(2) Les sources de revenus permanentes des communes sont établies par la loi.
(3) Le conseil municipal détermine le montant des impôts locaux selon les conditions, suivant la procédure et dans les limites établies par la loi.
(4) Le conseil municipal détermine le montant des redevances locales suivant la procédure établie par la loi.
(5) L’État garantit le bon fonctionnement des communes par le biais de dotations budgétaires et par d’autres moyens.
- L’article 141, paragraphe 5, de la Constitution introduit l’obligation pour l’État de garantir « le bon fonctionnement des communes », sans définir ce qui est entendu par « bon fonctionnement » ni si cela inclut uniquement les fonctions municipales les plus élémentaires. Dans les faits, les budgets locaux sont majoritairement constitués de transferts de l’État, dont la part a augmenté de 60 % en 2010 à 64 % en 2019. Les collectivités locales n’ont toujours pas une compétence pleine et entière concernant les fonds qui leur sont transférés sur le budget de l’État pour les activités que celui-ci leur délègue. Les communes n’exercent de telles compétences que sur la dotation de péréquation globale et, en partie, sur les dotations ciblées destinées aux dépenses d’investissement. Par ailleurs, le système de financement de la plupart des responsabilités déléguées par l’État appliqué actuellement, qui repose sur des normes de dépenses uniformes, limite la capacité des conseils municipaux à redistribuer ces ressources en fonction des besoins et priorités locaux.
- Depuis 2014, les règles budgétaires de la République de Bulgarie sont consolidées dans la loi sur les finances publiques (LFP), qui réglemente de manière permanente la procédure d’élaboration et d’adoption des budgets municipaux. La participation de la NAMRB en tant que partie représentant les communes à la procédure budgétaire et aux négociations relatives à la loi sur le budget de l’État pour l’année suivante est également réglementée dans l’article 77 de la LFP.
- Les délais applicables à l’élaboration et la soumission du projet de loi sur le budget de l’État à l’Assemblée nationale sont clairement définis (soumission au plus tard le 30 octobre). Le montant de toutes les dotations aux communes et les règles et conditions spécifiques applicables pour l’année concernée sont également définis par la loi de la République de Bulgarie sur le budget de l’État. Lors de la procédure de consultation, le ministère des Finances a indiqué à la délégation du Congrès que la loi de la République de Bulgarie sur le budget de l’État contient des informations sur le montant de chaque dotation attribuée à une commune donnée et sur la part relative de la dotation générale pour chaque groupe d’activités (fonctions) déléguées (par exemple les articles 50 et 51 de la loi sur le budget de l’État 2021) et qu’il publie des lignes directrices pour l’élaboration et l’exécution des budgets municipaux et des informations détaillées sur les indicateurs en nature et monétaires utilisés pour le calcul des dotations accordées à chaque commune. Les communes peuvent adopter leur budget en toute indépendance, la loi sur les finances publiques précisant uniquement les délais applicables (le maire soumet le projet de budget au conseil municipal dans un délai de vingt jours ouvrables après la promulgation de la loi sur le budget de l’État pour l’année concernée et le conseil municipal adopte le budget dans un délai de quinze jours ouvrables à compter de la date où il lui a été soumis). Cependant, les représentants des collectivités locales avec lesquels les rapporteures se sont entretenues à distance leur ont indiqué que les communes manquent de clarté concernant les chiffres spécifiques contenus dans le budget de l’État et qu’elles ne peuvent pas planifier leurs dépenses dans les domaines pertinents avec suffisamment de précision, du fait que les budgets municipaux s’appuient majoritairement sur les transferts de l’État (64 % en moyenne).
- Les difficultés liées au manque d’autonomie financière des communes ont un impact non seulement sur leurs résultats économiques et leur compétitivité, mais aussi sur un certain nombre de sous-secteurs, notamment l’éducation, le développement des ressources humaines et l’offre de services de santé et de protection sociale de qualité. De nombreuses autres conséquences politiques concernent la politique fiscale, le bon fonctionnement des institutions, la capacité administrative et la bonne gouvernance au niveau local.
- La LFP a introduit des règles budgétaires impératives et des indicateurs que le maire et le conseil municipal doivent respecter lors de l’élaboration, l’adoption et l’exécution du budget municipal. Au stade de la planification, le taux de croissance moyen des dépenses pour les activités locales au sein du budget municipal pour la période à moyen terme à venir fait l’objet d’un suivi, afin qu’il ne dépasse pas le taux de croissance moyen des dépenses enregistrées pour les activités locales au cours des quatre dernières années.
- Concernant la Décision du conseil municipal sur l’adoption du budget, les restrictions budgétaires suivantes sont aussi observées et approuvées :
· un plafonnement des nouvelles dettes qui peuvent être contractées pour les dépenses au cours de l’exercice au titre du budget municipal – les dettes pour les dépenses à la fin de l’exercice ne peuvent pas dépasser 15 % du montant annuel moyen des dépenses enregistrées au cours des quatre dernières années ;
· un plafonnement des postes de dépenses qui peuvent être créés au cours de l’exercice au sein du budget municipal – les postes de dépenses disponibles à la fin de l’exercice ne peuvent pas dépasser 50 % du montant annuel moyen des dépenses enregistrées au cours des quatre dernières années. Cette restriction ne s’applique pas aux postes de dépenses financés par des subventions et des dons. D’après le ministère des Finances, depuis 2019 la restriction ne s’applique pas aux contrats conclus en 2019 pour des services fournis par la commune au titre de l’article 62 de la loi sur les redevances et impôts locaux et au moyen de transferts provenant du budget central en vertu de l’article 52, paragraphe 1, alinéa 1, lettre d de la LFP ;
· une limitation des nouveaux emprunts municipaux contractés et un plafonnement de la dette municipale et des garanties municipales à la fin de l’exercice budgétaire – le montant annuel maximal des paiements au titre de la dette municipale ne doit pas dépasser 15 % du revenu propre annuel moyen et de la dotation de péréquation globale pour les trois dernières années, tandis que la valeur nominale des garanties municipales émises ne peut pas dépasser 5 % du montant total des revenus et de la dotation de péréquation globale selon le dernier rapport annuel sur l’exécution du budget municipal.
Dans l’exécution du budget, les communes ne peuvent pas permettre :
· l’engagement de dépenses, l’ajout de nouveaux postes de dépenses et/ou l’ouverture de postes de dépenses, ni la conduite de nouveaux programmes ou projets qui ne sont pas prévus dans le budget annuel de la commune.
· l’ouverture de postes de dépenses, si la commune n’a pas ajusté ses indicateurs concernant les postes de dépenses et les dettes liées aux dépenses conformément aux restrictions prévues à l’article 94, paragraphe 3, alinéas 1 et 2, de la LFP.
· l’ajout de nouvelles dettes financières pour des dépenses d’investissement et/ou l’ouverture de postes de dépenses d’investissements en excès des revenus, si les revenus planifiés au titre du budget municipal ne sont pas réalisés.
· l’augmentation des dettes impayées déjà inscrites dans le budget municipal à la fin de l’exercice par rapport aux dettes impayées à la fin de l’exercice précédent si celles-ci dépassent 5 % des dépenses enregistrées.
- Les communes bulgares dépendent lourdement des transferts financiers provenant du budget de l’État, ce qui restreint aussi leur marge de discrétion. De plus, des règles restrictives limitent l’autonomie budgétaire des collectivités locales.
50 Commentaire contemporain du Congrès sur le rapport explicatif de la Charte européenne de l’autonomie locale, adopté par le Forum statutaire le 7 décembre 2020, https://rm.coe.int/commentaire-contemporain-du-congres-sur-le-rapport-explicatif-de-la-ce/1680a06160, op.cit.