Ce droit est exercé par des conseils ou assemblées composés de membres élus au suffrage libre, secret, égalitaire, direct et universel et pouvant disposer d'organes exécutifs responsables devant eux. Cette disposition ne porte pas préjudice au recours aux assemblées de citoyens, au référendum ou à toute autre forme de participation directe des citoyens là ou elle est permise par la loi.
L’article 3, paragraphe 2, énonce le principe démocratique clé sur lequel repose la Charte. En déclarant que le droit à l’autonomie locale doit être exercé par des autorités démocratiquement constituées, il confirme que l’autonomie locale n’implique pas un simple transfert de pouvoirs et de responsabilités des autorités centrales à une collectivité locale. Elle exige également que cette dernière transmette et exprime, directement ou indirectement, la volonté de la population locale.
Selon l’article 156 de la Constitution estonienne, l’assemblée représentative de la collectivité locale est le conseil, élu lors d’élections libres pour un mandat de quatre ans, et le « vote est secret ». Toutes les personnes qui résident en permanence sur le territoire de la collectivité locale et ont plus de seize ans ont le droit de vote, conformément aux conditions prescrites par la loi. La taille des conseils dépend de la population, 31 d’entre eux ayant entre 7 et 20 membres, 43 d’entre eux ayant entre 21 et 30 membres et cinq collectivités locales ayant des conseils de plus de 31 membres.
Le président (volikogu esimees) est le chef du conseil et est élu par la majorité des membres du conseil, qui élisent également un maire. Le président dirige les activités du conseil. Le conseil nomme un bureau municipal (valitsus), dirigé par le maire. Le conseil de la collectivité locale peut établir des commissions permanentes et ad hoc (alaline/ajutine komisjon), mais la loi n’exige que l’établissement d’une commission de révision des comptes (revisjonikomisjon). Les présidents de l’ensemble des commissions et tous les membres de la commission de révision des comptes doivent être élus parmi les membres du conseil.
Pour les élections locales, toutes les personnes âgées d’au moins 16 ans et résidant de manière permanente en Estonie sont autorisées à voter (Riigikogu 2002), tandis que les citoyens estoniens âgés de 18 ans ou plus sont autorisés à voter aux élections nationales. Cela signifie qu’outre les quelque 900 000 citoyens estoniens qui ont le droit de vote, environ 25 000 citoyens d’autres pays de l’Union européenne, environ 70 000 citoyens russes vivant dans le pays et 63 000 apatrides (une part significative d’entre eux sont russes) sont également autorisés à voter (ERR 2021b). Les citoyens estoniens résidant à l’étranger (environ 10 % de l’électorat) peuvent voter à toutes les élections estoniennes, soit dans une ambassade estonienne, soit en ligne. Les modifications apportées à la loi sur le référendum et aux lois relatives aux élections (2021) permettent aux électeurs de choisir le bureau de vote qui leur convient le mieux dans leur circonscription électorale.
Il n’existe pas d’obligation légale d’assurer la parité entre les femmes et les hommes sur les listes de candidats. Comme l’illustre la Figure 2, les femmes ne représentent qu’un quart (28,9 %) des élus locaux.
La participation des jeunes est une priorité en Estonie. En 2022, 76 communes (sur 79) avaient un conseil municipal des jeunes. La consultation formelle s’exerce par le biais de différents groupes de travail auxquels participent des représentants d’organisations de jeunesse ou d’organisations générales lorsque des stratégies sectorielles et des plans de développement sont élaborés. Le Conseil national de jeunesse d’Estonie a mené un projet baptisé « Osaluskohvikud » (cafés participatifs des jeunes) dans le but d’offrir une plateforme permettant notamment aux responsables politiques locaux, aux fonctionnaires, aux professionnels travaillant avec des jeunes et aux parents de rencontrer les jeunes d’une localité et de s’entretenir avec eux de diverses questions. La loi sur le travail de jeunesse définit le cadre juridique régissant les conseils municipaux de jeunes. Certains interlocuteurs ont appelé à un abaissement de la majorité électorale pour encourager un plus grand investissement des jeunes.
La Constitution estonienne accorde aux citoyens divers droits de participation venant s’ajouter aux formes spécifiées de démocratie représentative. L’article 46 donne le droit aux citoyens d’adresser des lettres et des pétitions aux organismes de l’État, aux communes et à leurs fonctionnaires. La procédure de réponse à ces communications doit être prévue par une loi. L’article 47 donne le droit, sans autorisation préalable, de se rassembler pacifiquement et de tenir des réunions, et l’article 48 donne le droit de créer des organisations à but non lucratif et des associations. Les communes peuvent organiser des référendums sur des questions locales, dont le résultat n’est cependant pas contraignant. Selon la loi sur l’organisation des collectivités locales, les initiatives populaires locales signées par au moins 1 % de résidents de la commune rurale ou urbaine avec le droit de vote (pas moins de cinq résidents avec le droit de vote) doivent être examinées par le conseil local, ou la municipalité rurale ou l’administration municipale concernée (selon la compétence de l’organisme auquel appartient l’initiative), bien que cette disposition soit rarement appliquée.
Différentes stratégies de participation ont été mises en œuvre en Estonie pour associer les citoyens à l’administration locale. L’Estonie a lancé divers systèmes d’information afin de partager des informations publiques en ligne. Par exemple, en 2022, l’Estonie a lancé une base de données nationale des planifications territoriales en vigueur, qui permet aux citoyens d’accéder aux données territoriales sur le web. En 2023, l’Estonie commencera à mettre au point un système d’approvisionnement public en matière d’aménagement du territoire qui permettra de nouvelles méthodes participatives. Des collectivités locales ou des zones urbaines spécifiques peuvent élire ou nommer des sages qui seront chargés de les représenter lors des consultations. Certaines communes qui ont été élargies après la réforme de 2017 et qui combinent à présent zones urbaines et rurales ont recours aux sages des villages pour représenter les citoyens des zones plus reculées. Il existe d’autres formes d’organe représentatif. En date du mois d’octobre 2022, des assemblées régionales représentatives (conseils de sous-districts, assemblées communautaires, conseils régionaux, etc.) étaient constituées et fonctionnaient dans 11 collectivités locales. La budgétisation participative est largement utilisée. En 2023, 50 municipalités estoniennes utilisent un modèle de budgétisation participative afin de renforcer l’engagement et le pouvoir d’action des citoyens. Tartu a ouvert la voie en 2013, tandis que Tallinn n’a mis en œuvre son premier processus de budgétisation participative qu’en janvier 2021. Les initiatives de budgétisation participative visent généralement à créer un meilleur cadre de vie, à mettre à disposition un espace public ou à soutenir, par exemple, une manifestation culturelle ou une compétition sportive.
En Estonie, l’autonomie locale est exercée par des autorités démocratiquement constituées. En outre, des processus démocratiques aussi bien représentatifs que participatifs sont en place, permettant la participation des citoyens.
Figure 2. Conseils locaux/municipaux : maires ou autres dirigeants et membres (Base de données statistiques sur le genre)
Source : EIGE