Les collectivités locales ont droit, dans le cadre de la politique économique nationale, à des ressources propres suffisantes dont elles peuvent disposer librement dans l’exercice de leurs compétences.
D’après la législation, les recettes des collectivités locales incluent les recettes propres et les recettes externes. Les recettes propres comprennent les taxes et impôts locaux, les dotations de péréquation ainsi que d’autres revenus de l’unité d’autonomie locale. Les revenus externes se composent de transferts spéciaux et spécifiques ainsi que d’autres recettes, comme le stipule la loi. La législation octroie aux unités d’autonomie locale le droit d’utiliser leurs ressources à leur discrétion.
L’augmentation des ressources budgétaires des communes enregistrée depuis 2013 est une évolution positive.
Cependant, les autorités centrales restent à l’origine d’une grande partie de ces ressources qu’elles transfèrent aux collectivités. Entre 2013 et 2017, la part des subventions allouées sur le budget central représentait entre 49,7 et 47,7 % du total des recettes. Aujourd’hui, le principal débat juridique porte sur le Code fiscal de la Géorgie. Depuis 2016, le Gouvernement géorgien s’est lancé dans la décentralisation de l’impôt sur les revenus fonciers (IRF). Lors de la première phase de la réforme, l’IRF versé par les entrepreneurs individuels a été affecté aux budgets locaux. En outre, en vertu d’une nouvelle stratégie de réforme annoncée en mars 2018 par le Premier ministre et le président du Parlement, les budgets locaux devraient représenter au moins 7 % du produit intérieur brut (PIB) (considéré comme un seuil minimum selon la pratique d’autres pays d’Europe) avant la fin de la prochaine période de réforme de 2018-2025. Selon certains interlocuteurs locaux, cette stratégie appelle des modifications du Code fiscal et de la législation sectorielle.
En 2017, les communes ont perçu des recettes fiscales totales s’élevant à 559,5 millions de GEL, soit 269 millions de GEL de plus qu’en 2015. Cette augmentation était due aux modifications apportées au Code budgétaire géorgien. Depuis le 1er janvier 2016, notamment, les impôts suivants alimentent les budgets des collectivités locales : impôt sur le revenu payé par les entrepreneurs privés ; impôt sur le revenu acquitté par les non-résidents (revenus de la vente de biens immobiliers) ; impôt payable par les personnes physiques sur l’excédent de la vente de biens matériels ; impôt sur le revenu versé par les personnes physiques sur les biens donnés ; impôt payable par les personnes physiques sur les biens hérités ; et impôt sur le revenu acquitté par les personnes physiques sur les biens loués. Les recettes des communes provenant des différents types d’impôt sur le revenu décrits ci-dessus se sont montées à 245,4 millions de GEL en 2016 et sont tombées à 162,3 millions de GEL en 2017. Les recettes provenant de ces impôts étant répercutées sur les communes, les transferts de péréquation du budget central de l’État aux collectivités locales ont diminué. En 2015, les transferts de péréquation du budget central de l’État se sont élevés à 834,6 millions de GEL, alors que ce chiffre a baissé de 234,9 millions de GEL en 2016 et de 179,5 millions de GEL en 2017.
L’impôt foncier est une importante source de revenus pour les budgets locaux. En 2017, le montant des recettes de l’impôt foncier a été de 397,2 millions de GEL, soit 33,8 millions de GEL de plus qu’en 2016 et 107,6 millions de GEL de plus qu’en 2015. Parallèlement à cette tendance à la hausse, il est possible d’augmenter encore les recettes fiscales. Avant cela, il convient toutefois de lever des obstacles de taille tels que les avantages fiscaux dont jouissent certaines catégories de citoyens (par exemple, les propriétaires de terres agricoles déjà en possession de leurs terres avant 2015 et les personnes physiques au revenu inférieur à 40 000 GEL annuels sont exonérés de l’impôt foncier) et d’autres réglementations problématiques (par exemple, la valeur des biens immobiliers sur lesquels est payé l’impôt foncier est déterminée par les contribuables eux-mêmes, alors que les collectivités locales n’ont aucune information sur les impôts fonciers et sur le revenu versés par les personnes morales et physiques).
Quant aux recettes non fiscales (consistant essentiellement en des revenus immobiliers et des honoraires), leur part dans les recettes des budgets des collectivités locales est considérable. Elle était en effet de 17% en 2015, de 15% en 2016 et de 19% en 2017. Il faut néanmoins souligner que, dans le cas des communautés de communes, les recettes fiscales et non fiscales sont maigres et que seules les grandes villes atteignent un niveau de revenus importants.
La décentralisation fiscale demeure l’une des préoccupations majeures en ce qui concerne le système d’autonomie locale en Géorgie. Le rapport entre les recettes des communes et celles de l’État a diminué entre 2015 et 2017 : il est passé de 23,4 % en 2015 à 22 % en 2016 et à 20,1 % en 2017. La part des recettes municipales budgétaires (à l’exception de Tbilissi) par rapport au PIB de la Géorgie, qui s’élevait à 3,16 % en 2015, à 3,2 % en 2016 et à 3,06 % en 2017, reste faible.
Les biens fonciers municipaux (article 104 du Code) constituent également un atout important pour l’autonomie financière des communes. Selon l’Agence nationale des biens publics, 1 335 biens immobiliers sont devenus la propriété des communes en 2016 et 1 038 en 2017. De manière générale, il est très difficile d’évaluer correctement les biens transférés aux collectivités locales parce que leur valeur marchande n’est pas établie. Le ministère de l’Économie et du développement durable ne dispose pas de ces informations, même s’il est directement responsable du processus de transfert des propriétés aux collectivités locales. En outre, les autorités centrales n’ont pas encore pleinement appliqué la décentralisation des terres, de l’eau, des forêts et des ressources naturelles, bien qu’aux termes de l’article 107 du Code les biens de ce type présents sur le territoire d’une commune doivent lui être assignés. Les autorités centrales n’ont jusqu’à présent pas réussi à remplir l’obligation leur incombant au titre de l’article 165 du Code de l’autonomie locale d’élaborer, d’ici au 1er janvier 2016, un projet de loi définissant la notion de ressources naturelles locales, y compris de l’eau et des terres.
En 2017, les dépenses des communes se sont montées au total à 1 813 millions de GEL en 2017, soit 24 millions de GEL de moins qu’en 2016 et 66 millions de GEL de moins qu’en 2015. Ces dernières années, (y compris en 2017), les dépenses des communes ont surtout été liées à l’activité économique (23 %), au logement et aux services publics (19 %), à l’éducation (14 %) et autres services généraux.
Les « services publics généraux » incluent les coûts administratifs ainsi que les coûts d’entretien et de fonctionnement des unités autonomes. En 2017, leur coût total s’est élevé à 245,9 millions de GEL, soit 23 millions de GEL de moins que l’année précédente et seulement 4,3 millions de GEL de moins qu’en 2015. Il convient de souligner que ce chiffre est relativement élevé dans les petites communes.
Le système budgétaire géorgien repose sur le principe d’indépendance. Les communes établissent leur budget et redistribuent et allouent leurs ressources en toute indépendance. En vertu du Code budgétaire, les collectivités locales auraient dû dès 2012 établir leur budget en utilisant la formule de « budgétisation des programmes ». L’exécution du budget est gérée au moyen de systèmes électroniques de gestion des finances publiques. Tous les comptes relatifs aux budgets des communes figurent dans le système de comptabilité du Trésor de l’État et l’administration centrale dispose d’informations en temps réel sur l’état des budgets des collectivités locales. Les attributions de marchés sont également gérées via un système centralisé en ligne.
Cependant, les données requises concernant les objectifs, tâches et indicateurs des résultats attendus ne sont pas encore clairement définies, ou sont tout simplement absentes des budgets municipaux, alors qu’elles devraient servir de base aux collectivités locales pour décider de la répartition de leurs ressources financières. Selon certains commentaires critiques formulés lors de la visite de suivi, cette situation crée également des problèmes quant aux déclarations et à la transparence financières et dissuade les citoyens de participer au processus budgétaire.
Concernant la conformité à l’article 9, paragraphe 1, il ne fait aucun doute que des progrès impressionnants ont été accomplis ces dernières années. Un système de recettes locales a été mis en place et les communes peuvent dorénavant disposer librement de la plus grande partie de ces recettes. La Géorgie respecte donc l’article 9, paragraphe 1, de la Charte. Les rapporteurs encouragent cependant les autorités géorgiennes à poursuivre la décentralisation financière.