Les collectivités locales ont le droit, dans l'exercice de leurs compétences, de coopérer et, dans le cadre de la loi, de s'associer avec d'autres collectivités locales pour la réalisation de tâches d'intérêt commun.
Les Pays-Bas ont une longue tradition en matière de coopération intercommunale, volontaire ou obligatoire, dans tous les domaines politiques. Aux termes de la loi sur la coopération (Wet gemeenschappelijke regelingen, Wgr), deux communes ou plus peuvent établir des règlements conjoints afin de servir un ou plusieurs intérêts communs. Ce type de règlement crée souvent un organisme public, mais ce n’est pas obligatoire. La coopération municipale au moyen d’un règlement conjoint peut également dépasser les frontières provinciales. En effet, les provinces et les wateringues peuvent aussi prendre part au règlement. Les communes coopèrent principalement dans les domaines suivants : les affaires sociales (par exemple l’aide à la jeunesse, l’assistance sociale et les aides publiques), la sécurité (les régions de la sécurité, comme prévu par la loi) et l’aménagement du territoire (les services environnementaux, également prévus par la loi).
Cependant, le cadre actuel des différentes formes de coopération intercommunale prévu par la loi sur la coopération (Wgr) est souvent considéré comme complexe et restrictif. Officiellement, la légitimité démocratique est garantie dans la mesure où le conseil autorise l’élaboration, la modification et l’abrogation de chaque règlement conjoint auquel la commune participe. De plus, le conseil de chaque commune participante est représenté au sein du conseil d’administration général du règlement conjoint. Les représentants sont responsables devant leur conseil municipal en ce qui concerne la politique du règlement conjoint.
Plus généralement, toutefois, cette « régionalisation » (à savoir la coopération intercommunale au sein d’une certaine région) a un impact majeur sur les conseils, les collèges des échevins et les communes dans leur ensemble. De nombreux sujets auparavant déterminés par les conseillers municipaux eux-mêmes ne peuvent aujourd’hui être influencés que de manière indirecte, ce qui soulève des questions liées au contrôle démocratique, à la légitimité et à la responsabilité des décideurs au niveau régional. Selon l’Association néerlandaise des communes, il est nécessaire d’engager un débat de fond sur l’utilité et la nécessité de la coopération intercommunale, en plus de chercher des solutions juridiques dans le cadre de la législation actuelle : l’association a formulé des observations sur un projet de loi visant à améliorer la Wgr[58]. Un amendement à la loi sur la coopération visant à renforcer la légitimité des accords conjoints et la position du conseil municipal a été soumis au parlement et adopté par la seconde chambre. Cependant, il est nécessaire d’élargir la perspective : lors du débat sur l’amendement, la seconde chambre a demandé un débat de fond sur le développement des collectivités locales et régionales aux Pays-Bas. Il semble y avoir un consensus sur la nécessité d’un changement, mais toute nouvelle politique sera mise en place par le nouveau gouvernement.
L’accord de coalition du dernier gouvernement central (Rutte III) prévoyait également des « accords régionaux » pour un certain nombre de questions connexes, telles que le déclin de la population, le vieillissement de la population, la transition énergétique, le logement ou la prévention de la criminalité. Dans les prochaines années, plusieurs ministères et partenaires travailleront ensemble sur différentes tâches en se concentrant sur une zone (« région »). Cependant, selon l’Association néerlandaise des communes, dans le cadre du développement ultérieur de la coopération régionale, il convient de s’interroger sur la personne en charge de « la région », surtout, en ce qui concerne la prise de décisions financières et la transparence du processus de répartition.
Les rapporteurs notent avec satisfaction que la coopération intercommunale est bien et souvent utilisée sous diverses formes. Ils concluent que les exigences de l’article 10.3 de la Charte sont pleinement satisfaites. Néanmoins, le large recours à la coopération, mais aussi les « accords régionaux » laissent entrevoir la nécessité de réfléchir aux questions du contrôle démocratique, de la légitimité et de la responsabilité des décideurs, qui devront être examinées dans le cadre d’une future réforme des fondements juridiques de cette coopération.