Les compétences de base des collectivités locales sont fixées par la Constitution ou par la loi. Toutefois, cette disposition n'empêche pas l'attribution aux collectivités locales de compétences à des fins spécifiques, conformément à la loi
Le LAL contient une liste détaillée des pouvoirs des conseils locaux et régionaux. Les fonctions des conseils locaux sont définies à l’article 33 et visent à faciliter la fourniture de services dans cinq domaines : les infrastructures, l’éducation et les sports, la culture, l’environnement et les droits des citoyens. Selon cette disposition, les fonctions des conseils locaux comprennent :
- la création, l’entretien et la maintenance des aires de jeux pour enfants, des jardins publics, des centres sportifs, culturels et autres centres de loisirs ; et, dans le cadre d’un programme national, la gestion des bibliothèques locales et leur accessibilité, dans la mesure du possible, à toutes les personnes ;
- l’entretien et la maintenance des routes publiques locales, y compris la signalisation routière et le marquage routier ;
- les plans d’urbanisme et de construction ;
- la publication de lignes directrices à suivre pour l’entretien, la restauration, la conception ou la modification de la façade des bâtiments, y compris le type d’éclairage et les matériaux utilisés, les publicités et les devantures de magasins, et l’accessibilité des locaux ouverts au public à toutes les personnes ;
- l’entretien et la propreté de la signalisation routière et des feux de signalisation, la collecte et l’enlèvement de tous les déchets, l’entretien et la maintenance de tous les équipements publics d’élimination et de collecte des déchets, et leur accessibilité à toutes les personnes ;
- l’entretien et la réparation des routes locales, des zones piétonnes, des aires de stationnement, de la signalisation routière et du marquage routier dans la localité, l’installation et l’entretien des abribus, des zones piétonnes et des aires de stationnement et la protection des écoliers aux abords des écoles ;
- la mise à disposition d’informations relatives aux droits des citoyens, y compris des informations sur les droits des consommateurs, les transports, les communications, les installations touristiques, la fiscalité, la sécurité sociale, la santé publique et d’autres questions d’utilité et d’intérêt publics ;
- le droit de proposition et de consultation sur toute modification des schémas de circulation ayant une incidence directe sur la localité ;
- la création, l’entretien et la maintenance de crèches, de jardins d’enfants et d’autres services ou structures d’enseignement ;
- la mise en place, l’entretien et la maintenance de centres de soins et de réadaptation, de dispensaires publics, de bureaux locaux de santé publique, de résidences pour personnes âgées, de centres de jour pour personnes âgées et de centres d’accueil de nuit.
En outre, les conseils locaux peuvent être chargés de fonctions déléguées par le gouvernement national, telles que l’entretien des bibliothèques publiques locales, la proposition de nominations pour la direction des écoles primaires, l’utilisation optimale des installations déjà existantes dans les écoles de la localité après les heures de classe normales, la mise en oeuvre du concept d’apprentissage tout au long de la vie avec tous les résidents, en particulier les adultes et les personnes âgées, en fournissant ce service au sein de la même localité ; la promotion d’initiatives de politique sociale ; la sauvegarde de l’identité locale ; l’assistance aux artistes, musiciens et sportifs de la localité ; l’organisation d’activités culturelles ; la protection de l’environnement naturel et urbain de la localité ; l’organisation d’activités sportives ou physiques ; la promotion des entreprises.
Dans la pratique, cependant, les pouvoirs sont beaucoup plus limités que cette liste ne le laisse supposer. Premièrement, l’article 33.2 de la LAL exclut un certain nombre de fonctions de la compétence des conseils locaux, telles que les routes principales, les monuments nationaux, les parcs ou jardins nationaux, les zones industrielles, les ports, aéroports et autres territoires, établissements et bâtiments nationaux ainsi que les éléments énoncés dans l’annexe 4 de la LAL, qui relèvent de la responsabilité du gouvernement national. Deuxièmement, en droit, les avis juridiques émis par le ministre peuvent aussi transférer des fonctions aux collectivités locales, mais il n’y a pas eu un seul exemple d’un tel transfert au cours de la dernière décennie, ce qui signifie que le processus est à sens unique, des administrations locales vers le centre.
Troisièmement, bien que la liste des fonctions assignées aux conseils locaux n’ait pas été modifiée par la loi, nombre d’entre elles leur ont été retirées par le biais d’avis juridiques émis par le ministère du Patrimoine national, des Arts et des Collectivités locales, telles que la collecte des déchets et la circulation, mais aussi d’autres fonctions telles que l’éclairage public. Cette évolution est d’autant plus problématique qu’elle s’est opérée sans consultation des conseils locaux, mais par des décisions imposées par le pouvoir central. Celles-ci peuvent certes être contestées devant les tribunaux, mais cela ne se produit pas dans la pratique.
Une autre raison expliquant le retrait de responsabilités aux localités tient à l’externalisation de certaines fonctions publiques à des autorités nationales chargées de services auparavant attribués aux localités, tels que la gestion des routes.
Si les cinq domaines de prestation de services peuvent sembler couvrir un large spectre, en réalité les fonctions se limitent aux services sociaux de base aux résidents locaux, à l’organisation d’activités et à l’exécution de tâches administratives, ainsi qu’au domaine du sport, de la culture et de la tradition.
Plus précisément, les fonctions concrètes sont les suivantes : pour l’éducation et les sports, le soutien à l’apprentissage tout au long de la vie, l’entretien des bibliothèques locales (souvent placées dans des bâtiments scolaires qui n’appartiennent pas aux localités), le soutien aux activités physiques ; pour la culture, l’offre d’activités culturelles dans les limites du budget, ce qui signifie que dans la plupart des localités seules quelques activités mineures, notamment pour les personnes âgées, peuvent être organisées, tandis que les initiatives culturelles majeures sont mises en oeuvre soit par le gouvernement, soit par des organismes, soit par le biais de projets spéciaux ; pour les infrastructures, le balayage des routes et le nettoyage de la signalisation routière et de l’éclairage, l’entretien des bâtiments scolaires, des centres de jour pour personnes âgées, des jardins publics et des terrains de jeux pour enfants. En ce qui concerne l’environnement, les conseils locaux sont généralement responsables de la protection de l’environnement naturel de la localité, ce qui signifie qu’ils peuvent demander des fonds pour des projets dans le domaine de l’environnement, tandis que la protection des droits des citoyens consiste à aider les résidents en leur fournissant des informations générales sur l’exercice de leurs droits. Selon certains interlocuteurs, après que la collecte des déchets et la gestion de la circulation - les deux principales fonctions précédemment dévolues aux conseils locaux - leur ont été retirées, le champ d’action de l’administration locale a été considérablement réduit et se limite désormais au nettoyage des rues, à l’entretien des jardins et à quelques formalités administratives.
Les fonctions des conseils régionaux sont également énumérées en détail dans la LAL (article 37B, tel que modifié en 2019).
Ce sont :
- la publication d’un appel d’offres pour la gestion des déchets ;
- le domaine social, qui comprend les études et les rapports d’évaluation de l’impact social ;
- l’assistance aux conseils locaux de la région, y compris les services professionnels dans le domaine de l’environnement, du social, de la culture, du tourisme et des technologies de l’information ;
- l’assistance aux conseils locaux de la région pour bénéficier des programmes financés par l’Union européenne et les gérer efficacement ;
- l’octroi de subventions aux étudiants pour des recherches portant sur des aspects liés à la région ;
- la coordination avec les conseils locaux concernant les activités et initiatives sportives et physiques, y compris celles qui ont trait au bien-être;
- la coordination avec les ministères, les départements et les entités gouvernementales pour faciliter le travail des conseils locaux, y compris la coordination avec les organes chargés du maintien de l’ordre ;
- la fourniture d’un avis sur le plan local ;
- la préparation d’un plan de travail incluant les besoins financiers et les ressources humaines de la région.
Outre la collecte et la gestion des déchets et certains segments préparatoires de la politique sociale, les fonctions des conseils régionaux se limitent à assister et coordonner les conseils locaux et à assurer la liaison avec le gouvernement. En vertu de la LAL, les fonctions des conseils régionaux sont définies par le ministre responsable de l’administration locale (actuellement le ministre du Patrimoine national, des Arts et des Collectivités locales) au moyen de règlements publiés après consultation de l’Association des conseils locaux (article 37A(7) de la LAL). Les fonds destinés à leurs activités, qui correspondent essentiellement aux coûts du personnel et de la gestion des déchets, sont déterminés par le gouvernement national et versés automatiquement par les conseils locaux.
Le rôle et le poids de la région sont en partie différents à Gozo pour des raisons géographiques évidentes, puisque la région correspond à l’île et représente d’une certaine manière son identité distincte. Les pouvoirs et le rôle de la région de Gozo sont toutefois aussi limités que ceux des cinq autres régions. Les interlocuteurs ont également indiqué à la délégation que, si une identité régionale distincte est clairement présente à Gozo, elle ne s’incarne pas dans la région et les résidents s’identifient plutôt à leur localité et à l’île dans son ensemble, mais pas à la région en tant que telle. L’existence d’un ministère pour Gozo au sein du gouvernement n’a pas d’impact significatif sur les autorités locales (conseils locaux et régions) car le budget est soit dépensé directement par le ministère, soit attribué par le biais de programmes auxquels il est difficile de se porter candidat.
Bien que les pouvoirs et responsabilités fondamentaux des autorités locales soient très limités dans la pratique, peut-être plus que ce que l’on pourrait déduire d’une lecture superficielle des articles 33 et 37B de la LAL, ils sont inscrits dans la loi. Pour cette raison, les rapporteurs concluent que Malte respecte formellement l’article 4.1. de la Charte.